Thomas VONIER – Union Internationale des Architectes

Discours précédant la Cérémonie mondiale du Prix Versailles Édition 2017
Paris, Siège de l'UNESCO | 12 mai 2017
L'ARCHITECTURE DU QUOTIDIEN,
ARCHITECTE DU QUOTIDIEN
L'architecture est une profession magnifique, en partie parce qu’elle est l’une des rares à même de poser la question : comment devrions-nous vivre ? Les meilleurs théoriciens de l’urbanisme, architectes et constructeurs partagent, d'une manière ou d'une autre, cette même interrogation : quelle est la meilleure manière de vivre en communauté, que cette communauté soit une maison, un village, ou une ville ?
Au travers de l’histoire jusqu’à nos jours, de grands noms tels que Camillo Sitte, Lewis Mumford, Jane Jacobs, Jan Gehl, jusqu’à Vitruve, se sont exprimés sur le rôle du commerce, non seulement en ce qui concerne la qualité de vie, mais aussi en tant que composante essentielle d'une culture urbaine saine et vivante.
Les preuves ne manquent pas qu’une ville ou un village en bonne santé possède des commerces nombreux et variés, accessibles, dont l’offre s’adresse à tous. Nous ne connaissons que trop bien les symptômes des communautés en perte de vitesse. Malheureusement, ces derniers se multiplient beaucoup trop en France : magasins déserts, fenêtres barrées, cafés clos, vitrines vides et, partout, des panneaux « à louer ». Des trottoirs, des places et des rues sans vie.
Une partie de la responsabilité incombe, à n’en pas douter, à un développement commercial anarchique, à la périphérie des villes, de ce qu'on appelle en anglais les magasins big box, semblables à d’énormes blocs. Vous les connaissez bien : il s’agit de « la Halle » de ceci, « la Halle » de cela. Des bâtiments pachydermiques, sans âme, accessibles uniquement par voiture, des entrepôts de marchandises dénués de grâce au bord des autoroutes, entourés de parkings et rien d'autre.
Disons simplement qu'ils n'ont pas de grandes chances de gagner le Prix Versailles. Quand nous voyons les développements récents des hypermarchés, qui incluent des restaurants, des cinémas, et même des garderies dans leurs énormes points de vente à prix réduits, nous savons que les promoteurs ont une intuition juste : les gens ne veulent pas simplement remplir leur caddie.
Le Prix Versailles s’attache à souligner l'interaction entre culture et prospérité économique. À montrer comment le commerce et ses points de vente peuvent revaloriser et améliorer la qualité de vie dans son ensemble. C'est pourquoi il est si important de récompenser des travaux qui exaltent le quotidien, des travaux qui ne se contentent pas de répondre à un simple besoin commercial.
Vous avez peut-être lu l'article dans Le Monde de cette semaine sur les retombées économiques à Bilbao du musée Guggenheim conçu par Franck Gehry.
Il s'agit à la fois d'un moteur économique et d’un espace culturel : en 20 ans, il a attiré dans cette ville 19,2 millions de visiteurs. L’an dernier, il a rapporté 485 millions d’euros de chiffre d’affaires aux boutiques, aux restaurants et au secteur des services de Bilbao, tout en représentant 6 000 emplois dans l’économie locale.
Tel est le rôle de l'architecture et de l'excellent design : élever l'ordinaire pour améliorer la qualité de vie. Les investissements dans un bon design apportent des retombées économiques. L’UIA, que je représente ici aujourd’hui, est fermement convaincue de la valeur des programmes qui récompensent et promeuvent une architecture de qualité. Nous leur adressons, en outre, nos remerciements et nos félicitations.
与联合国教科文组织和国际建筑师联盟联合举办